Des Grands Sages Européens
Aujourd’hui la puissance ne résulte, en partie, que d’un principe d’échelle. Les grandes puissances de demain seront probablement celles capables de composer avec un large espace, une population dense, mais également la capacité de placer l’Etat, unanimement, derrière une même volonté de puissance. Ces éléments semblent essentiels à la puissance. On peut comprendre qu’un grand […]

Aujourd’hui la puissance ne résulte, en partie, que d’un principe d’échelle. Les grandes puissances de demain seront probablement celles capables de composer avec un large espace, une population dense, mais également la capacité de placer l’Etat, unanimement, derrière une même volonté de puissance.
Ces éléments semblent essentiels à la puissance. On peut comprendre qu’un grand territoire offre des ressources, un marché intérieur significatif – regardez le monde lorgner sur le marché intérieur chinois. Une population dense c’est une garantie d’une main-d’œuvre abondante, que l’on peut même exporter – permettant l’essor de grandes diasporas (relais d’influence). C’est également le gage d’une armée numériquement puissante. Enfin, la volonté de puissance c’est la possibilité de percevoir tous ces aspects comme des outils, pouvant être réaliser pour construire ce grand dessein qu’est la puissance. Ces trois aspects semblent être nécessaire, n’en posséder qu’un ou deux ne semble plus suffisant dans ce mercantilisme mondial du XXIème siècle.
La Russie par exemple, elle bénéficie d’un large espace, d’une volonté de puissance, mais ne dispose pas d’une population suffisamment dense – dû en partie à la géographie de son territoire. L’Inde, elle bénéficie d’un large territoire, d’une population dense, et elle commence à entamer les prémisses d’une volonté de puissance. Les Etats-Unis et la Chine semblent, de leurs côtés, être les cas d’écoles de cet adage, car ils réunissent ces trois aspects.
L’Europe, alors divisée en Nations, possède non pas une, mais des volontés de puissances. Cette aliénation du dernier aspect de cet adage empêche de jouir pleinement d’un vaste territoire et d’une population dense, et donc d’être une réelle puissance. A la différence de l’Europe, quand vous vous adressez aux Etats-Unis, à la Chine, à la Russie ou à l’Inde, ils répondent chacun d’une voix – témoin d’une seule volonté. Cela est un atout dans le jeu diplomatique et stratégique menant à la puissance.
Aussi, les relations entre l’Europe et le monde – par leurs histoires – sont si richement nourries, construites en rivalités entre Européens, que le monde s’immisce en Europe, par ce même jeu de rivalités séculaires. L’Europe connaît donc un défi, sui generis : l’union.
Peut-être faudrait-il, un temps, isoler l’Europe du monde pour trouver, d’abord et avant tout, un dénominateur commun ; pour ne parler que d’une voix, avoir cette unique volonté de puissance, pour ensuite s’ouvrir une nouvelle fois au monde, comme réelle puissance.
Cet isolement théorique étant idéaliste et irréaliste, il faudrait toutefois réunir toutes ces volontés de puissance européennes pour n’en faire plus qu’une. Ce serait faire en sorte que les dirigeants européens – relais de ces volontés – nouent des relations si fortes, qu’elles dépasseraient celles que ces derniers nouent déjà avec le reste du monde. Peut-être, en reprenant le concept du groupe Bilderberg, créer le « sommet des Grands Sages Européens », où la parole serait libre, et où l’objectif serait clair.
Au-delà d’une volonté au sommet, il faut que cette dernière résulte aussi de la population. Comment se sentir Européen ? D’abord par des évènements sportifs – soutenir une même équipe. On peut prendre l’exemple de la Ryder Cup, célèbre tournois de golf entre les Etats-Unis et l’Europe ; les Européens soutiennent une même équipe. Il faudrait étendre ce principe à divers activités. Cela peut également passer par davantage d’échanges entre les populations d’Europe. On peut imaginer mettre en place des trains, aux tarifs attractifs, pour tous les Européens aux quatre coins de l’Europe. Donner des avantages aux Européens, parce qu’ils seraient Européens pourrait également devenir un argument de plus à la création d’une population proprement européenne. Il ne faut surtout pas que les populations se sentent contraintes, il faut laisser l’osmose se produire par elle-même. Toutefois un programme scolaire proprement européen peut s’envisager. Il faut être fier de l’Europe – condition essentielle à un patriotisme européen, et donc à un même sentiment d’appartenance, et donc à la création d’une population proprement européenne.
Il faut donc des « Grands Sages » pour mettre en place les conditions de ce dessein, car la fierté de l’Europe s’obtient d’abord par la fierté de ses dirigeants. Un poisson, toujours, pourrit d’abord par la tête.
Des systèmes de gouvernances européennes sont possibles. Pourquoi pas un pouvoir régit par les « Grands Sages Européens » ? Les valeurs, normes, cultures européennes sont belles, mais il faut la puissance pour les conserver. Reste à nous Européens d’en avoir la volonté.