Aujourd’hui, nous nous intéressons à Park Chung-Hee, une figure clé du développement économique de la Corée du Sud. Retraçons ensemble le parcours de cet ancien officier de l’Armée du Kwantung devenu président de la Corée du Sud.

Né à Gumi, une petite ville située dans la province du Gyeongsang du Nord sous l’occupation japonaise, Park Chung-Hee reçoit sa formation dans des institutions militaires japonaises, ce qui influencera considérablement sa vision de la gouvernance.

Après des débuts militaires controversés, il mène un coup d’État en 1961 et devient, en 1963, le président de la Corée du Sud.
Sous son régime, Park mène une politique d’industrialisation rapide, soutenant les conglomérats (chaebols) tels que Samsung et Hyundai, et mettant en place une planification économique rigoureusement centralisée. Cette stratégie vise à sortir le pays d’une pauvreté profonde en appliquant des principes de protectionnisme et de contrôle financier. Bien que la Corée du Sud connaisse une croissance économique spectaculaire, cette réussite s’accompagne de conditions de travail difficiles, de répressions contre les syndicats et de violations des droits des travailleurs. Par ailleurs, il renforce les relations avec le Japon, acceptant une aide économique en échange de l’abandon des réparations de guerre. Si cette normalisation, stratégique pour le développement sud-coréen, est importante, elle reste très impopulaire auprès de la population.

Militairement, Park soutient activement les États-Unis et envoie un contingent de 300 000 soldats au Vietnam, contribuant ainsi au financement de sa politique économique. Toutefois, cela laisse un héritage controversé en raison des atrocités commises par les troupes sud-coréennes. Sa stratégie de maintien de l’ordre repose sur une surveillance intense de la population par la KCIA (Korea Central Intelligence Agency), qui contrôle sévèrement toute forme d’opposition, limite les droits civiques et utilise la torture contre les dissidents.

En 1972, Park renforce son pouvoir par une réforme constitutionnelle qui le transforme de facto en président à vie. Il impose un contrôle total sur la société, notamment par une censure stricte et des mesures controversées, comme le « nettoyage social » des rues, visant à améliorer l’image du pays en vue des Jeux olympiques de 1988. Ce climat de répression perdure jusqu’à son assassinat en 1979 par Kim Jae-gyu, le chef de la KCIA, motivé par des différends politiques et personnels.

L’héritage de Park Chung-Hee est ambigu : s’il est perçu comme le père du « miracle économique sud-coréen », il est aussi critiqué pour les méthodes autoritaires et les abus qui ont marqué son régime.